Le récit Raid Pau Pyrénées Aventure 2013



Le raid PPA c’est une histoire de montagne, d’amitiés, de fidélité et de courage.
De montagne car il suffit d’avoir, durant les précédentes éditions, monté en VTT le col de l’Aubisque avec 3°C au sommet, d’avoir couru sur les crêtes délimitant les vallées d‘Aspe et d’Ossau avec le Pic du midi d’Ossau en panorama de fond ou terminé 2 jours d’effort dans un canyon de toute beauté pour s’en rendre facilement compte. Le Béarn n’est pas plat ! Le raid PPA ce n’est pas (que) de la rigolade.
D’amitiés car elles sont multiples. Avec les valeureux et passionnés organisateurs du club Pau Pyrénées Aventure tout d’abord qui depuis 6 ans maintenant passent leur temps libre à concocter des parcours difficiles mais de toute beauté, à se casser la tête pour trouver des plans B à la dernière minute et s’adapter aux risques et conditions climatiques, à garder ces sourires et cette passion qui font d’eux une équipe soudée, joviale, si attachante.
Avec nos amis raideurs venant de tout le sud de la France : les Naka, les Serial, les AGN, Régis, Christophe… Et puis Eric et Stéphane de la Team Cahors AOC avec qui nous avons la singularité d’avoir été présents et finishers des 5 éditions précédentes. La fidélité à une épreuve grandiose et à des personnes que nous avons tant de plaisir à retrouver quelques fois dans l’année, au détour des chemins, pour des coups de bourre, de la solidarité, des godets partagés.
De courage enfin. Car il en faut pour tous les participants, pour aller se mesurer à la montagne béarnaise 2 jours durant, pour 16 heures d’effort, 110 km et 4000m de dénivelé positif cumulés. Pour se présenter au départ à 4h du matin le dimanche quand les muscles font déjà tant souffrir. Pour résister enfin aux douleurs du moral, des blessures et parfois à l’abandon. Pour nous tous raideurs, le plaisir n’est pas dans la souffrance, mais dans la difficulté. Ainsi nous revoilà partir avec le plus grand des plaisirs dans cette si belle et si attendue aventure : le raid Pau Pyrénées Aventure 2013.

Assurément le plus beau et le plus difficile raid multisports d'Aquitaine (et probablement du grand Sud-Ouest). Concocté par la belle équipe du PPA, des raideurs amoureux de leur Béarn, du vrai effort physique, des conditions météos aléatoires et de parcours atypiques.

Il est devenu notre épreuve incontournable. Seule équipe avec nos amis de la Team Cahors AOC a avoir été présents (et finishers) des 5 premières épreuves. 3 fois classés sur le podium :
2008 :
2009 : 7°
2010 :
2011 : 9°
2012 :



La course cette année a lieu dans la confidentielle vallée de Barétous, celle qui mène à la station de la Pierre St Martin. Comme depuis quelques années nous avons pris pour habitude d’installer notre terrier de Renards dans un gîte des environs. Nous prenons soin de notre papy Renard. Nous y préparons le matos de la première journée après être passés au contrôle du matériel obligatoire à la salle omnisport d’Arette. Il ne faut pas être devin pour s’apercevoir que la journée de samedi va être salée et que celle de dimanche s’annonce très ardue. Les conditions météo de cette année ayant rendu le gave impraticable le canoë est annulé.
Eric a un genou qui coince, Denis est très fatigué et je supporte à coup d’anti-inflammatoires une sciatique depuis 3 semaines. Pas question d’hypothéquer notre participation pour autant, et surtout le plaisir de nous retrouver enfin tous les 3 pour une longue épreuve.
Décision est donc prise de partir tranquillou demain matin, de voir venir les premières 8 heures, et de lâcher ce qu’il restera le dimanche. Notre expérience de cette course paye, y ayant vu et vécu tant de difficultés et « ramassé » tant d’équipes ayant outrepassé leurs forces dès la fin du 1° jour.

Samedi 9h00, briefing ! Les consignes de l’organisation sont données, on est parés. La montagne est bouchée quand nous y montons en bus pour retrouver nos fidèles destriers. 150 VTT attendent leurs cavaliers sur le bord de la route, quelque part entre Arette et la Pierre St Martin. 50 équipes de 3 équipiers (dont de nombreuses demoiselles, ce qui n’était pas arrivé au PPA depuis de nombreuses années). Tous les mollets frétillent d’impatience, çà chambre sur la ligne de départ (ma blague à Christophe des Naka lui faisant croire qu’il a crevé marche toujours si bien…). 10h00 Serge donne enfin le départ et nous lâche dans la montée du col de la Pierre St Martin pour une première section VTT de 5 kilomètres et 480 D+….du quasi 10% de pente moyenne ! Ca n’empêche pas de papoter dans le peloton et aux Naka-Naka de lancer un premier « Naka…Power…. ». En gros : cachez vous on déboule à fond à vos fesses.



Du côté Renard ça commence moyen, avec un Denis qui a grand mal à démarrer l’épreuve à froid sur une pente importante. Nous levons donc très vite le pied pour rester dans un rythme qui lui convient. De nombreuses équipes passent dont certains coéquipiers soufflent déjà comme des bœufs, d’autres se faisant aider par des « tire-minou ». Système qui permet à un vélo d’en tirer un autre attaché par un tendeur élastique. Quand on vous parle de gestion…
Denis soufre, physiquement, mais surtout mentalement d’être à la rue. Lui si fort en VTT. Nos poussettes à la selle et encouragements ne font pas grand-chose, il faut que cela passe. Nous arrivons donc en 25° position au col de Labay, qui marque le début d’une nouvelle section VTT de 3 km et 200m D+. Beaucoup moins de pente donc, mais beaucoup plus technique. On quitte la route pour du sentier technique de montagne. Très vite la boue et une première erreur d’orientation. Eric s’est laissé embarquer par une équipe devant et a pris le mauvais chemin. Il percute vite, demi-tour, nous nous engageons sur le bon. Quelques petites minutes de perdues. Eric se « replonge » dans la carte. On reprend quelques équipes sur ces passages techniques, pour arriver à la première balise. Les roues, les freins, les pieds, les jambes déjà maculés de boue. La suite est une sente de montagne courant à niveau le long des flancs du pic de Guilhers, plus fréquentable par vaches et moutons que par des VTT. Le portage des montures est parfois de mise. Nouvelle jonction sur route où nous croisons vite les 1° équipes débutant le « trail orientation montagne ». Denis peine toujours. Nous sommes 19° au parc VTT, au pied de la station de la Pierre St Martin. Rapide ravito.




On change de chaussures. J’embarque la caméra Go Pro, et nous voilà partis pour la section qui s’annonce la plus ardue de ce 1° jour. 17 km de trail montagne pour 1000 m de D+. Une belle bavante. D’entrée de jeu çà pique ! Après quelques centaines de mètres de route descendante c’est l’attaque du Pic de Guilhers, dans le brouillard. Un 200 D+ très raide qui fait bien accélérer le cœur et pique mollets et quadriceps. Mais il vaut le coup de monter là haut chercher une balise optionnelle qui rapporte 50 minutes de bonification.


Là haut course sympathique sur une crête herbeuse, attendus par Sylvain qui nous « bip » la balise. Attention à la descente bien raide et technique en orientation. Je choisis avec un azimut de m’appuyer sur le boisement au Nord et le chemin qui en part, pour trouver, comme une fleur, la balise 3. Eric maîtrise sa descente pour ne pas trop solliciter son genou. Ses bâtons lui sont d’une grande utilité. On continue à plonger dans ce vallon, en rattrapant quelques équipes n’ayant pas pris l’optionnelle. Un magnifique bois de hêtres centenaires maintenant, comme les forets du Béarn savent nous en offrir des milliers. Un pur bonheur que d’être ici ! Nous nous en félicitons tous 3, savourant nos retrouvailles et ce long week-end de partage et solidarité à passer ensemble. L’orientation n’est pas difficile, mais l’on voit certaines équipes hésiter fortement à des intersections marqués de chemin. On déroule. Bifurcation plein ouest pour une remontée par le sentier de découverte. Je ménage le rythme pour mes 2 comparses un peu en dedans à pied. Attaque de la balise 4 un peu bas. Nous « grenouillons » 5 minutes pour enfin nous recaler sur la crête et trouver 2 bénévoles au début d’une portion de sentier rubalisé.
 Chemin au travers de troncs, racines, pierres, trous. Très beau mais peu aisé à courir. On papote et on rigole jusqu’à ce qu’apparaisse le canyon de l’Aidy. Grande crevasse qu’il nous faut traverser prudemment. Les dévers et la boue qui maculent les chemins (mais aussi nos jambes et bras) ne rendent pas la chose aisée. Surveillés par 2 bénévoles nous traversons cela en toute sécurité. Sortie de la zone balisée. Je la joue Renard en coupant droit dans la pente (dans le pur style andorran), en remontant les flancs d’un torrent pour nous offrir une coupe directe à travers bois. Du haut de ce 150 m D+ nous retrouvons une piste qui nous mène à la cabane d’Ichéus où se trouve la balise optionnelle B (bonus 1h10). Splendide panorama sur les montagnes environnantes parsemées de neige. Quel bonheur ! Longue descente sur crête vers le col de Catazar et la balise 5 où le matériel obligatoire des sacs est contrôlé. OK pour nous. Certaines équipes auront des pénalités pour avoir voulu badiner avec la sécurité en montagne.



Descente toute en douceur vers la balise 6, au rythme qui convient à tous. Ne pas tirer ou se faire mal de suite. Nouvelle traversée sécurisée du canyon, qui part en dessous de nous de façon spectaculaire. On pousse la descente jusqu’à l’optionnelle Z.



De là commence la longue et pénible remontée par le chemin pris à l’aller (l’option sud étant impossible à cause de la neige) pour le retour au parc VTT. Pente douce à l’aller, pour devenir bien raide sur la fin. Nous marchons pour préserver le physique, trottinant rarement. Mais on fait travailler le psycho pour supporter ce très long retour. On papote, discute des futures courses, nous rappelant d’autres jolis moments… Difficile de voir au loin certaines équipes bien au dessus de nous, mais plus reposant de voir que certaines ont décidé de prendre la balise A sur le retour, et engranger du coup un énorme « coup de cul » supplémentaire. Serge nous accueille tout sourire sur le sentier, et c’est en trottinant  que nous finissons ce trail montagne qui aura laissé des traces et entamé des organismes. 3h50 de trail, 11° temps, à 1h07 de l'hallucinant meilleur temps !
Le ravito est un havre de bonheur où nous dévorons fromage, charcuterie, bananes… Le soleil s’est enfin levé. Il fait bien chaud ! Heureusement il n’est pas apparu plus tôt. Nous avons assez sué durant le trail.
Le chrono est arrêté pour toutes les équipes. Bienvenue pour faire les étirements, se poser un peu.





Epreuve de tir à la sarbacane. 3 flèches chacun (9 par équipe) : 5 à mettre dans la cible. Je me fais gentiment chambrer sur mon incapacité à placer la flèche dans la sarbacane. Mais je souffle : 3/3 pour moi. Denis s’y colle et réussit les 2 premières ! Eric n’a même pas à essayer. On repart donc sans tour de pénalité, sous les encouragements de papa, pour une section VTT Orientation de 16 km et D+300.



Le chemin est enneigé, ça monte d’entrée de jeu, Denis coince toujours un peu. Eric assure comme un chef. Il est entré comme il faut dans la carte. Il oriente vite et bien. On peut envoyer dans les descentes, relancer sur le plat, attaquer en montée. On avale plusieurs équipes dans les descentes techniques. Je suis Eric, aidé en cela part mon vélo retapé à neuf par Denis. J’arrive à suivre leur rythme, ce qui n’a que rarement été le cas ces années passées. Bien content de mes progrès je prends vraiment beaucoup de plaisir. Même dans la longue montée vers l’optionnelle C où Denis est toujours un peu en souffrance. Le pauvre ce n’est pas son jour. Mais dans un raid à 3, sur 2 jours, il est souvent difficile d’avoir un niveau homogène. Les conditions de chacun avant et pendant la course diffèrent. On en est pleinement conscients tous les 3, alors on s’adapte et on essaye de rendre la partie plus facile à celui qui peine. Nouvelle descente super technique vers la 12 où on lâche les freins. La boue, les cailloux, la pente ne nous rendent pas la chose facile, mais on turbine.



Eric nous amène sans hésitation à l’optionnelle B. De là sentiers techniques de crête jusqu’à l’optionnelle E. Tant et si technique qu’on doit tenir les VTT sur une descente. Je lâche le mien qui va dévaler 10 mètres en contrebas. Magnifique panorama. La fatigue commence à se faire sentier, car la difficulté des chemins sollicite toutes les parties du corps et une grande attention. Dernière descente magistrale. Une descente où là j’ai du mal à suivre mes 2 comparses. La pente est trop raid pour moi. Je tente de m’arrêter, mais c’est déjà trop tard, trop de vitesse ! Magnifique vol plané au-dessus du vélo, je descends de 10 mètres. Pas de mal au VTT, mes 2 tibias ont perdu un peu de vernis, je repars. Au bout de 50 mètres et déjà à 40 km/h ça claque à l’arrière. Je m’arrête. La chaîne à sauté, la roue est à moitié sortie de son axe. Ouf, je l’ai échappé belle. Les Renards un peu inquiets m’attendent plus bas. Eric m’avouera s’être lui aussi fait bien peur dans cette descente. Denis ? Non, lui, tout roule ! Comme toujours. Fin de section VTT, 1h22, 7° chrono, à 11 minutes du meilleur temps.
Nous retrouvons papa sur la route pour y laisser un VTT et partir pour la dernière section de Bike and Run. Il nous annonce que les Naka sont à quelques minutes devant, du fait de la belle section que nous venons de faire. Il ne nous en faut pas plus pour nous motiver !


Nous partons donc en trombe pour 8 km avec 2 VTT pour 3. On alterne comme on peu sur des chemins pas toujours praticables à VTT. Poussages ou portages nécessaires parfois. Le coureur se trouvant alors parfois seul devant sans pouvoir être rattrapé. J’ai un coup de mou au 4° kilomètre. On s’accroche et on finit sur un beau rythme par un chemin détourné nous faisant rentrer au milieu des tentes du bivouac. 40 minutes de Bike and Run (12° chrono).


Dernier « bip » ! Ravito mérité !
Nous sommes satisfaits de notre première journée. Mon dos a tenu, le genou d’Eric aussi, seul Papy Renard a du rester en deçà. Demain il ira peut-être mieux. Cette journée a été très physique, plus que nous le pensions. Elle va laisser des traces dans et sur beaucoup d’organismes. Et sur le papier demain s’annonce plus difficile. Alors notre premier réflexe est de rentrer rapidement au gîte pour nettoyer et remettre en état les VTT  pour demain, préparer le matos, une bonne douche, des étirements et se reposer au plus vite.


Superbe dîner préparé par les bénévoles où chacun se raconte ses aventures du jour. Apéro de la sacro-sainte bière de la tireuse PPA (moi j’ai ma bouteille de lait réservée comme chaque année). Nous retrouvons avec plaisir la Team Cahors AOC pour écluser quelques bouteilles de Loupiac, Cahors, ratafia, Jurançon…tout en en faisant partager à d’autres amis nous prenant pour des martiens. Pas le meilleur moyen de préparer le lendemain ?




Les résultats ne sont pas tombés mais nous filons au lit. 21H45 ! Jamais couchés si tôt sur un PPA, mais on vieillit, et on sait être raisonnables…parfois.
Demain matin réveil 2H45, pour un départ de course à 4h. Quand on vous dit qu’on aime çà !


Résultat du 1° jour : 11ème, à 1h20 des premiers, mais à seulement 18 minutes des 7°. Pour le podium cette année c’est raté, mais tout est jouable pour des places d’honneur. Cerise sur le gâteau nous devançons de 8 minutes les copains des Naka-Naka ! Il y en a un qui va être colère demain matin…


2ème journée

5 heures ! 5 heures de repos, c’est énorme pour un PPA ! Même si j’ai eu un mal fou à m’endormir.
Sacro-saint Gatosport au petit déj dès 3h du mat’. Toujours aussi difficile à avaler le 2° matin. A l’écœurement jusqu’à en vomir. Dire que certains ne sont pas encore couchés, se font des câlins ou roupillent confortablement. Mais on ne se plaint pas non ! On aime être ici, à l’aube d’une nouvelle journée dantesque. Alors oui, on sourit et on blague déjà. Il fait bon dehors à 3h30. Briefing plus long qu’escompté, le départ est décalé, mais pas la barrière horaire de sortie de C.O : il va falloir gérer.




Le PickUp de Serge guide le peloton de VTT illuminé de frontales et chasubles réfléchissants dans les rues endormies d’Arette. Ca frotte déjà, certains concurrents sont nerveux pour bien se placer au départ de cette première section de VTT orientation de 11 km et 400 m D+.
4h20 : on lâche la meute…dans un mur terrible ! Un concurrent pète sa chaîne, d’autres sont déjà sous « tire-minou », beaucoup partent prudemment. Un autre mur lui succède. Comme hier ça commence fort dans les pentes. Pas de répit, pas d’échauffement possible. Directement dans l’intensité maximale. Devant ça tape dur, mais aller trop vite est risqué.
Sans aucune raison une grande partie des quelques 15 équipes devant nous prennent une route montante. Eric est interloqué, hésite, mais confirme bien son choix initial. Il prend à gauche et nous filons à vive allure sur la balise 31. Passages d’eaux, de boues, de cailloux. On poursuit le chemin, retrouvons une route, s’engageons sur une montée au cul d’autres teams, mais Eric s’arrête. Demi-tour, il y a une meilleure option en bas de la côte. De nombreuses équipes se sont engagées sur une route carrossable mais montant terriblement, alors qu’un chemin quasi plat existe le long du ruisseau. Mais à l’intersection 6 bénévoles nous refusent le passage car la route est interdite. Elle ne l’est que 400 mètres plus loin et, aidés par une team locale connaissant le coin comme leurs mollets, nous les convainquons. Nous sommes donc les premiers à nous engager sur ce petit chemin technique mais qui nous fait économiser beaucoup de force jusqu’à la balise 32. De là c’est une formalité pour Eric de nous amener sans encombre et avec d’autres choix judicieux jusqu’à l’arrivée de cette section : 58 minutes, 6° chrono, à  6 minutes des premiers, même avec un Denis encore un peu à la peine. Elle a assuré grave la Buse ! Certaines équipes vont avoir perdu un temps stratégiquement important sur cette section, car s’annonce la course d’orientation de laquelle il faudra être sortis impérativement à 7h00 sous peine de pénalité de 10 minutes par minute dépassée (arrivée à 7h02 par exemple = 20 minutes de pénalité). Il fallait donc arriver le plus tôt possible ici pour s’engager sereinement sur la C.O

Nous partons pour la C.O à  5h10, sous les encouragements de Serge et François : « Ils sont toujours là les Renards ! Le 2° jour c’est toujours leur jour ! ».
François à annoncé au briefing que ça rentre (se termine) en 1h40. Je pars donc avec cela en tête en choisissant mon parcours : 13 balises à pointer avec pour chacune des bonifications allant de 15 à 30 minutes. Je choisis de partir vers le sud pour la 33 en descendant pour délasser les jambes. Je merde un peu sur mon approche car les chemins indiqués son noyés sous de hautes fougères. Petite erreur nous coutant 3-4 minutes, mais il me faut ça pour rentrer dans la carte. On fait donc la trace dans les fougères, aidés par nos mégas frontales. 33, puis 37. L’approche de la 39 au milieu d’une énorme prairie de fougères est technique (arbre isolé) mais je n’hésite pas (et recale une autre équipe). On va chercher la 45 en contournant par l’est puis une très sévère montée plein nord dans un boisement pas super propre. De là un chouette azimut pour récupérer le chemin peu marqué et défoncé qui nous mène à la 44.
Le temps passe vite. Sortie de la 44 par l’est pour éviter le chemin ardu et trouver la route. Je suis en tête dans la descente. D’un coup Eric hurle de douleur, vocifère des noms d’oiseaux que je ne peux répéter ici, en empêchant certainement nombre de sangliers et chevreuils de s’endormir dans ce petit matin qui se lève. Il s’est durement tordu la cheville ! Entorse qui se réveille ! Mince, le pauvre. Temps d’hésitation. Il a du mal à repartir. On lui propose de rentrer au plus court, même si je sais qu’on est là au plus loin de la carte. Il repart doucement, à chaud cela passe. Mais il souffre. Je vais essayer de passer par les sentiers les plus propres pour éviter de mettre sa cheville en difficulté. Il faut oublier les coupes directes. Sur la route il peut retrotiner.
On va chercher la 43 mais le chrono tourne. Je décide de rentrer au plus court car Eric ne pourra pas soutenir un rythme soutenu si l’on est trop juste dans les délais. On a pour habitude de finir à fond ces CO au score pour rentrer juste dans le temps imparti et ramasser le max de balises. Mais là Eric ne pourra pas. On shunte donc volontairement la 42 pour se rapprocher. On rentre la 41 après une rude montée. J’avance plus vite pour voir si la 38 est prenable, mais la côte est terrible pour y arriver, et j’ai peur de ne pas rentrer dans les temps. Je pousse jusqu’à la 36 sur un chemin impraticable. Il ne reste plus qu’une dizaine de minutes. Pas le temps d’aller faire un aller-retour à la 40. On rentre donc directement sans avoir à trop forcer, pour arriver avec 2 minutes d’avance. L’essentiel est sauvé, nous sommes dans les temps, mais nous laissons 5 balises. Nous sommes crédités du 6° meilleur temps (pénalités comprises). Notre choix a donc été assez bon. Sans la blessure d’Eric nous rentrions en outre certainement 2 balises de plus. Mais ce sont les aléas du raid. Chapeau bas aux 2 équipes ayant réussi à tout rentrer dans temps ! Ils ont du drôlement galoper ! Mais certains d’autres (dont des équipes de tête) rentrent avec plusieurs minutes de retard et engrangent des pénalités conséquentes. Le classement va être bouleversé.

On ne perd pas de temps. Une trentaine d’équipes sont là. Il faut repartir pour une VTT orientation de 10 km et 400 D+. Stéphane (Cahors) a dégotté une option intéressante pour éviter la grosse bugne à travers champs qui s’annonce direct. Eric la trouve pertinente, mais malheureusement il ne rentre pas dans la carte et hésite à plusieurs reprises. Enfin on s’en sort, avec un passage « hors carte », en évitant beaucoup de dénivelé mais en perdant du temps. La Cahors Team AOC partie après nous se retrouve devant nous. Nous les rattrapons dans une longue côte en les encourageant. Ils sont un peu à la peine. Nous nous efforçons de rouler le plus possible. Revenu sur le chemin pris par 90 %  des équipes nous nous retrouvons à doubler beaucoup de teams plus à l’arrache, reparties en même temps que nous de la C.O. Il faut cravacher pour récupérer ce retard.
Descente rapide vers la balise 47 dans laquelle les cartes fixées sur le porte-carte VTT d’Eric s’envolent ! Pause, on repart, je suis Eric, mais ne vois plus Denis derrière. Arrêt général. On ne le voit pas arriver. On s’inquiète, bizarre. Pas possible qu’il soit encore derrière. En fait il nous a doublé lors de l’incident et nous attend sagement plus bas. Bip à la 48, on enquille la route pour aller chercher l’optionnelle F malignement par la route le long de la rivière. Le soleil est bien levé, il commence à faire chaud. Eric et Denis entendent une demoiselle invectiver violemment son coéquipier. Pas d’humour là dedans, vraiment de la hargne brute. La fatigue et la tension rendant parfois les gens nerveux, mais en arriver là en raid c’est pas cool. Aucun de nous trois ne pourrait supporter cela. Le raid doit rester du plaisir, pas une occasion de se rentrer dans le lard méchamment. Quelle chance de nous être trouvés tous les trois et de gérer nos envies, humeurs et caractères de façon si limpide. En 7 années d’effort ensemble, il y a eu une seule engueulade. Entre Eric et moi. Elle a duré 30 secondes et a été oubliée en 2 minutes.
La montée vers le parc VTT est éprouvante pour beaucoup. Des teams explosent.

Quel bonheur ce ravito, perdu au milieu d’un hameau de montagne. Même papa n’est pas encore arrivé. On se restaure vraiment. On nous annonce l’application de barrières horaires pour le trail montagne qui s’annonce. 10 km et 830 m D+ : pas de la tarte. Une barrière est appliquée pour l’accès à la balise optionnelle. J’ai bien peur que de toute façon nous n’y allions pas au vu de l’état de cheville d’Eric. Papa est enfin arrivé. On repart, après un contrôle des sacs.
J’essaye une coupe infructueuse dans une prairie qui nous fait perdre 4 minutes. Ca grimpe, ça grimpe. Un bénévole nous annonce une nouvelle barrière horaire. On ne comprend plus très bien (manque de lucidité). On verra bien à la prochaine balise. L’orientation n’a rien de difficile mais c’est la gestion du rythme  qui s’impose. La fatigue musculaire commence à vraiment se faire sentir. D’un point haut nous apercevons la jolie montée qui nous attend jusqu’à la balise 51. Pas de la tarte, et en partie au soleil.
Bip à la balise 50 (col de Boucoig). Serge valide en direct un nouveau changement de barrière horaire pour l’optionnelle. Mais ce choix de changement d’horaire ne nous semble pas à propos. OK pour la changer au début de la section, au départ de la 1°équipe, mais pas en cours de route. Les équipes s’organisent ou stratégisent en fonction de cela. C’est léser certaines d’entre elles (les premières) que de permette à d’autres parties moins vite de passer également. Pour nous ça ne change rien de toutes façons, dans 30 minutes nous n’y serons pas. Montée raide, technique, très boueuse, mais à l’ombre pour le début de ce 400m D+. Pas facile pour Eric avec sa cheville. Denis et moi peinons aussi. Plus loin c’est l’attaque d’un paysage dénudé, nous offrant de magnifiques panoramas, mais surtout un franc soleil qui nous scotche. Au-dessus de nous des teams avancent. On se la joue droit dans la pente avec Denis. La Ronda Dels Cims laisse des habitudes. Quelques équipes commencent à redescendre. Ce sont les premières bloquées par la barrière horaire. Il va donc falloir se faire le retour par le même sentier. Et là j’ai peur pour Eric…

On finit par arriver à la balise 51, avec les Naka de l’autre côté de la combe s’abreuvant à une réserve d’eau. On est pas loin… Magnifique vue au col de Napatch, avec notamment l’immense montée vers le Turon d’Aurey où se trouve la balise optionnelle. Fred le bénévole m’annonce que seulement 8 équipes ont pu y monter. On les voit progresser. C’est magnifique. 3 autres ont fait le choix étrange d’aller faire un aller-retour vers la balise obligatoire 52. Le temps estimé pour cet aller-retour est de 1h40 à 2h. Ne pas y aller coûte 2h de pénalité. Au vu de la fatigue qu’elle devrait amener et de la chaleur qu’il fait, cette initiative ne paraît pas intéressante, sauf pour une super équipe.
De notre côté nous avons depuis longtemps fait le choix de retourner au parc VTT.
Je propose du saucisson-fromage apporté dans mes poches à mes comparses. Dernier coup d’œil à ces somptueuses montagnes. On attaque la descente. Je flippe déjà pour Eric. Je démarre doucement. La pente s’accentue mais il arrive à tenir un bon rythme, en compagnie d’autres équipes. Il faut être très attentif à tous nos pas. On arrive à trottiner. Après quelques glissades nous sommes de nouveau au col de Boucoig, où nous retrouvons papa. Eric a fait preuve d’un courage énorme sur cette section. Se taper cet aller-retour avec une cheville en vrac il faut le faire. Je suis admiratif. Comme il dit « j’ai pris sur moi les gars, et là je suis à la rue ». Bravo l’ami. Le PPA…c’est une histoire de courage.



Nous repartons pour finir ce trail par un sentier balisé, admirant à nouveau les hêtres centenaires. « Allez les gars, on rentre à la maison », dis-je aux Renards qui commencent à être saoulés. 23° temps sur cette section, pas folichon.
Retour au Parc VTT, ravito bien venu.

Dernière section : VTT orientation de 14 km et 350 D+.
La première partie file vite, en suivant le fléchage. Petite surprise à la sortie du village d’Issor : un passage de gave de l’eau jusqu’aux genoux suivi d’une escalade de talus vélo à la main. Bernard toujours bien placé pour les photos. 



Petite montée et bip à la 48, puis allumage sur une longue portion de route. 


Mais ça ne va pas durer. Voici la grosse bugne de cette section. Une petite route qui monte très sec. « Tout à gauche » pour les vitesses. On arrive à monter. Mais d’un coup je suis pris d’un coup de chaud, la marmite fume. Contraint de mettre pied à terre sous peine de défaillance moteur. Eric en profite aussi. Denis lui finit à sa main, sans pour autant pavaner. Chemins boueux après la 59, puis Serge nous attend en haut de la dernière bosse du PPA. Il me pousse même ! Ouahhhh, poussé par le Président. On profite à fond des derniers kilomètres de descente, par des singles tracks techniques et amusant. On en profite jusqu’à la lie, dire que c’est bientôt fini. Presque envie de repartir pour une boucle. On termine en trombe, accueillis par papa et des mousquetaires (vallée d’Aramis, le comparse de D’Artagnan). 8ème temps sur cette section. Eric a encore assuré !



Et voilà, le 6° raid PPA est déjà fini. Nous nous congratulons, satisfaits de ce que nous avons pu faire avec les moyens du bord pour cette édition. Il n’y aura pas de podium, mais le plaisir inégalable de 2 jours passés ensemble. 2 jours rendus possible par les magnifiques organisateurs de ce raid, au travers de paysages sans cesse renouvelés et toujours aussi beaux, aussi envoutants, aussi attachants. Nous nous empressons de les remercier un à un, au fur et à mesure de leurs retours de leurs postes en montagne.

Le cuistot nous a à nouveau concocté un magnifique repas d’au revoir : melon, magret-frites, gâteau succulent… Il aura droit à une standing ovation !

Nous sommes appelés avant le podium pour être récompensés pour notre fidélité au raid. Marque d’affection qui nous touche sincèrement. Je regrette juste maintenant de ne pas avoir pris la parole pour spécifier que notre endurance à ce trail est uniquement liée à celle des organisateurs. Eux qui ont dépensé sans compte des semaines et des semaines de temps libre pour le plaisir de quelques dizaines de fadas de la montagne et des efforts que l’on peut y fournir. Un plaisir que nous partageons tous ici : raideurs, accompagnateurs, bénévoles. Un plaisir sincère, comme les sports « simples » peuvent en procurer, dans cette ambiance familiale qui laisse comme un putain de goût de « reviens-y ».

Nous quittons nos comparses et amis avec beaucoup de plaisir, et déjà le désir fou d’être là à l’édition 2014.

Merci à tous, et Bravo. Sincèrement.



Nous terminons à la 9ème place, signant une jolie 2ème journée. A plus de 5 heures de l'hallucinante première équipe (dire que nous étions 3ème derrière eux l'année dernière !), mais 40 minutes devant nos amis des Naka-Naka (oui, vous nous redevrez çà les gars...)

Maintenant, il n’y a plus qu’à récupérer. Pour attaquer dès samedi l’Ultra trail du Puy Mary. Mais çà, c’est déjà une autre histoire…
 

16 commentaires:

  1. on pense fort à vous!! allez les renards éclatez vous bien! bisous

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  2. C'est sympa ça. On va pouvoir suivre vos exploits confortablement installé dans un fauteuil.

    Au plaisir de vous retrouver sur nos épreuves locales.

    A+ et bon courage pour la suite.

    Stef des vendanges

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  3. J'adore ce blog...on peut enfin suivre les grands malades dans leurs aventures!!! ;-)

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  4. Mon fils est un grand malade ... il a peut-être de qui tenir. allez les Renards !

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  5. Le renard : "On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux."
    (Antoine de Saint-Exupéry)

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  6. Magnifique récit! Bravo les renards! C'est comme si on y était... mais je suis bête, j'y étais moi aussi et j'en ai bavé. Et même si je suis au fin fond du classement, je suis très fière d'être arrivée au bout, complètement vidée, pleine de boue mais ivre de bonheur. Quel folie ce raid quand même!
    Malgré tout, je sais pertinemment comme vous tous, que je reviendrai et que je me battrai à nouveau sur les sentiers béarnais chers à mon coeur. Comme disait Oscar Wilde : "Les folies sont les seules choses que l'on ne regrette jamais"

    Merci à tous pour cet extraordinaire we de partage et de dépassement de soi. Et surtout, un GRAND MERCI à tous les organisateurs et bénévoles qui ont oeuvré comme des dingues pour rendre ce raid possible, joyeux et convivial. C'était un réel plaisir de vous croiser sur les routes. Continuez et surtout gardez le sourire!

    A bientôt...
    Caro#7

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    1. Sylvain - Renard18 juin 2013 à 04:21

      Merci et bravo à toi Miss Carlie ! Ca y est tu as pris goût au PPA, et ça ne va pas te lâcher ! a bientôt au détour des chemins...

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  7. Salut SYLVAIN
    Dans cette société superficielle et lâche, je ne peux que t'encourager à t'exprimer dans ce genre
    d'aventure où les vraies valeurs font surface.
    Bravo les renards....

    Jean-Paul et Titine

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    1. Merci mes amis. Nous nous comprenons tant... Je vous embrasse

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  8. Merci pour ce beau récit, Sylvain !
    On sent bien combien tu apprécie de partager ces belles valeurs humaines que sont l'amitié et le goût de l'effort et des beaux paysages.

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    1. Hey Chris ! Et tant d'autres choses aussi :) Bises

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  9. Tu sais, "l'hallucainante première équipe", ils sont pas si forts, c'est juste qu'en CO on donne tout pour finir à temps...donc aucune pénalité. Après, physiquement, on est pas différents de vous (à la fin on poussait le VTT sur des routes à 6%!!) Bises et bravo!

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    1. Sylvain-Renard20 juin 2013 à 02:22

      Merci Hugues, mais là vous avez effectivement géré comme des malades, et pas que sur cette C.O ! Tout notre respect sur votre performance ! A l'année prochaine avec plaisir...sur les chemins du PPA
      Sylvain

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  10. Merci mon garçon pour ce superbe reportage. Ton talent d'écrivain (remember "les prairies vacheuses") transcende toutes ces belles émotions et valeurs humaines. Je me permets toutefois de te redire : ton corps, tu n'en as qu'un, il doit te servir quelques années encore, garde le en bon état ("oui maman!"). Félicitations à l'équipe, et bises à tous.

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    1. Sylvain -Renard20 juin 2013 à 02:25

      "Oui Maman !" LOL !!!!
      Mon corps suit mon esprit, mon esprit se ressource dans mon corps. T'en fais pas, ces 2 là feront encore la paire un bon bout de temps...et si ce n'est plus sur des raids, ce sera ailleurs ou autrement.
      "Life is short, Play hard ;)"

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  11. J'adore !!!!!! la chair de poule en lisant ce nouveau récit, super contente de pourvoir partager cette nouvelle aventure grace à ta belle écriture et les vidéos! c'est génial! trop forts les Renards!
    On vous aime !!!

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