Etape 8 (samedi 7 septembre) : Sulden (Italie) à Latsch (Italie):
39.8 kilomètres - D+1839 mètres - D- 3107 mètres
Le profil de la course :
Denis me réveille à 5h30. J’ai en
tête « Un dia normal » de Juanes. Oui, une journée (presque) normale.
Ouvrir les yeux, se vêtir chaud, prendre notre petit déj dans le silence en
regardant le road-book de l’étape du jour. Puis se préparer : se strapper
les pieds, se crémer les points sensibles, choisir les vêtements adaptés à
l’étape. Puis sortir, sentir l’air frais, rentrer doucement dans la course,
cheminer vers le départ. Encourager les têtes familières, entrer dans le sas B,
entendre l’hymne de la
TransAlpine « Keep on running », suivi 30 secondes
avant le départ de « Highway to hell ».
Presque un jour normal. C’est
juste le dernier. Mince ! Tout cela ne sera plus à faire, tout ce
cérémonial, ces habitudes prises depuis 8 jours. On en demanderai presque un
peu plus. Sur que ça va nous manquer ! Pas qu’à nous manifestement. Tout
le monde est bien moins fatigué qu’hier. Tout le monde trépigne et tape des
mains sur les hymnes. Tout le monde veut partir pour ces derniers 40 kilomètres , ce
dernier marathon. Tout le monde veut en finir, autant pour stopper la fatigue
que pour être à Latsch tout à l’heure. Tout le monde veut être finisher de ces 260 kilomètres et 15 400 mètres
positifs de dénivelé. Tout le monde…
(le Jedi sera lui aussi au bout du chemin)
Pan ! La troupe s’ébroue,
les centaines de jambes encore en course se délient et partent affronter directement
la difficulté du jour : un 1200 mètres D+ sur 7 km .
La lumière est superbe ce matin.
Le hasard nous a gratifié de conditions idéales cette année. Des paysages
fabuleux tous les jours, sous des températures clémentes.
Ca part assez vite, chacun veut
finir de la meilleure des façons son aventure alpine.
Nous nous sentons bien avec Denis
ce matin. Mes problèmes abdominaux sont presque effacés, mon genou est peu
enflé, mes jambes semblent répondre. Denis est fringuant, il gère la douleur de son ampoule, il surveille avec
attention la tension de son mollet.
Alors on se place bien et on suit
le rythme. Enfin avançant avec les équipes que l’on côtoie habituellement. Le
fond de vallée que l’on arpente est encore sublime. Un immense glacier se
présente. On monte sévère, pas de baisse de rythme, ce n’est pas le moment si
l’on veut faire honneur à notre rang. On n’est pas venu que pour faire de la
figuration.
A 2800 mètres l’oxygène
commence à se faire moins présent dans l’air. Pas de souci, tous continuent au
même rythme. 2900 mètres ,
derrière nous les 3 plus hauts sommets du Sud Tyrol, dont l’un culmine à 3800 mètres . J’en
profite pour faire une mini pause de 10 secondes, besoin de ventiler.
(même le Jedi est à la fête !)
La descente derrière est
impressionnante, mais nous nous y lançons en sprint, comme si l’arrivée était à
un kilomètre. J'ai les yeux humides, l'émotion a été forte au col.
Miquel et moi-même galopons comme dans nos Pyrénées, mais nous
rangeons vite à la raison : attendre nos compagnons et se réfréner un peu,
le panneau 30 km
restant vient juste d’apparaître. Mais que le paysage est beau.
(Miquel les bras au ciel, si joyeux)
1° ravito
passé. Ensuite c’est une progression parfois un peu technique dans un super
sous-bois jusqu’au ravito n°2, pendant 12 kilomètres .
(collection de cairns pour un Jedi - retrouvez le !)
On
tient un bon rythme, on essaye d’être à notre potentiel max, pour ne rien lâcher.
Les positions ne changeront pas beaucoup sur cette section. Chacun fait tout
son possible pour donner le maximum. Les paysages sont toujours somptueux, avec
de nombreux points de vue sur les glaciers autour, les lacs turquoise, ou les prairies.
Quatre bosses de quelques dizaines à centaines de D+ calment néanmoins ceux qui
pensaient que le plus dur été fait.
Les jambes sont fatiguées, les
muscles sont durs, mais les esprits sont tous tournés vers la ligne d’arrivée.
Alors on s’accroche, on continue à pousser, marcher, courir…se régaler.
Encore de beaux passages
techniques, qui ne nous rendent pas la tache facile. 15 kilomètres de
l’arrivée, la dernière bosse est passée. Il n’y a plus qu’à descendre, sous un
soleil qui nous inonde, ensoleillant nos derniers milliers de foulée.
Pas besoin de se parler, Denis
est devant et donne le rythme. Il sent mon souffle, ma foulée, mon désir d’en
finir. Je le vois éviter les obstacles, sentir le chemin, relancer quand c’est
possible. Les kilomètres s’écoulent. Avec eux nos souvenirs de ces 8 jours de
course nous reviennent.
Dernier ravito à 5 kilomètres de la
fin. On le survole, on se relance, on galope, on ne lâche rien.
(L'arrivée, au loin si près)
D’un coup nous
débouchons dans la vallée, plus que 3 kilomètres . Cultures
de pommes à perte de vue. Le bitume. Finir cette course sur du bitume, c’est un
peu dommage. Pas un mot entre nous, pas besoin. Juste voir le village d’arrivée
au loin s’approcher inexorablement. Depuis 260 kilomètres on s’approche.
Panneau du dernier kilomètre. Un kilomètre,
mais qu’est-ce ? La voix du speaker, les applaudissements des passants, la
lumière qui nous inonde. 4 minutes de béatitude. Sur le bord du chemin papa a
laissé le matériel. Nos drapeaux respectifs, les masques des Renards. Nous nous
en emparons, nous en parons. Au loin la ligne, le speaker nous annonce, les
bras levés au ciel. Dans le sas d’arrivée nous nous arrêtons net. Avec son
drapeau espagnol Denis me « toré » coiffé de mon masque de Renard. 2
passes dignes des arènes de Pampelune, exécutées magistralement dans la petite
folie de la TransAlpine Run.
3 pas à faire, les 3 derniers. Double « bip », nous voici finishers.
Le reste n’est que plaisir, se
congratuler, savourer, enlacer les amis rencontrés sur cette course. Les dernières
photos, la dernière interview à la
TV espagnole, les dernières bières à récupérer, les derniers clins d’œil à ses visages,
jambes, fesses connues.
(avec Miquel et Enrique)
Voilà, nous avons fait notre
chemin dans cette TransAlpine Run 2013. Nous finissons à la 119° place (sur 360
équipes), en 43h36 (à 16h16 des premiers). Notre objectif d’être dans les 150
premiers est rempli.
(Miquel, Enrique, Sylvain, Denis)
La fête s’annonce belle ce soir à
la pasta party. La bière va couler à flot. Encore quelques heures de folie.
(quelques-uns des finishers, dont nous...)
Avant de clore cette nouvelle
page des Renards des Vignes, nous souhaitons vous remercier.
Remercier Jean qui malgré les
difficultés liés à la langue, à la route, à la fatigue, a su si bien tenir son
rôle d’Ultra Supporter Des Renards sur cette longue semaine. L’aventure aurait
été impossible sans lui. Nous sommes 3 finishers.
Merci à nos épouses de nous avoir
permis de partir au loin une douzaine de jours, pour notre simple plaisir qui
peut paraître parfois bien égoïste.
Un immense merci à nos sponsors
sans qui ce projet serait resté dans les cartons de nos chaussures de trails,
un simple rêve de deux traileurs amateurs.
Nous avons pris un immense
plaisir à partager cela avec vous tous.
Merci, merci, merci !
A bientôt pour de nouvelles aventures de
« La souffrance est
temporaire. La gloire elle est éternelle» - devise de la TransAlpine Run
et voilà je chiale....
RépondreSupprimerdésolé !
Supprimermoi pareil !!!!
RépondreSupprimerdésolé !
Supprimermoi pareil merci pour toutes ces belles images ces tres beaux commentaires bravo a vous trois bises
RépondreSupprimerdésolé !
SupprimerQue d'émotions pour ce dernier jour ! Moi aussi, j'ai versé quelques larmes...
RépondreSupprimerGyse
désolé !
Supprimerpfff déjà fini ? et comment on va faire nous ? vous ne pourriez pas la refaire dans l'autre sens ? c'était trop jouissif de vous suivre tous les deux.... et reconnaissons le , un peu émouvant de vous voir vous éclater comme çà... Merci à vous 4 (ben oui faut penser au jedi aussi heho, c'était un peu votre cornac) .. vivement qu'on se revoit pour que vous nous racontiez çà ..
RépondreSupprimeroh oui à l'envers et au ralenti s'il vous plaît!!!!!
SupprimerMerci de vos nombreux messages les amis, merci de votre participation à cette course, à son émotion.
SupprimerA très vite oui !!!
Le récit est tellement bien fait que l'on ressent toutes vos émotions !!
RépondreSupprimerJe partage vos larmes de joie...
Bisous
Tatie
Merci !
SupprimerJ'imagine à quel point vous devez être heureux de terminer cette épreuve difficile, qui pour la plupart des gens paraît un peu folle!!! C'est bon aussi parfois d'être un peu fou !!! Merci d'avoir partagé quelques moments avec les blogeurs, et d'avoir accroché de beaux paysages à nos mirettes!!! L'année prochaine je la fais pieds nus cette course...!!! Drogués comme vous êtes il y aura sans doute d'autres escapades... De jolis morceaux de vie à raconter dans quelques années au coin du feu... Encore une fois bravo aux 4 pattes des renards!!!
RépondreSupprimerMerci JM pur ce suivi et tous ces encouragements ! Cela fait bien plaisir.
SupprimerDésolé mais on ne se verra pas prochainement, mes pieds sont quasi nickels...lol
Cordialement
Bravo les gars un super exploit fait par des amateurs passionnés de nature et guidés par le plaisir de partager des moments exectionnels, un beau témoignage de courage de volonté mais surtout d'amitié.
RépondreSupprimerCa donne envie ...
Merci à vous deux d'avoir partagé cette aventure avec nous
Bernard
Merci Bernard ! De l'entraînement et de l'abnégation : voici la recette. Le reste n'est alors que plaisir...
SupprimerA bientôt
Génial,vous êtes de super finisher. Et une séquence émmotion de plus à votre actif !!! (moi j'ai pas versé de larme, un gars de la territoriale ça pleure pas...enfin presque pas). A tous les niveaux (superbes paysages, ambiance et le reste) la dernière étape aura été magnifique. La grosse bise à vous trois. Une petite transamazonienne ça vous dirait pas. Pour faire suivre le camping car ça sera plus diffcile par contre quand on est poursuivi par un Anaconda on court plus vite !!!
RépondreSupprimerVON-VON
lol !!! marjo
SupprimerMerci mon Vonvon ! Heureusement que tu es là pour nous trouver de nouveaux challenges ! Nous allons les relever avec plaisir ! Laisse nous 2-3 semaines pour nous retaper, et on fonce...
SupprimerA très vite
Bravo les Renards pour votre performance!!!!
RépondreSupprimerMerci les amis !
SupprimerBravo les renards!
RépondreSupprimerVous êtes de sacrés trailers! Les prochaines courses vont vous sembler bien courtes. C'est super de faire vivre vos courses à travers ces récits et ces photos.
Vu les difficultés surmontées, ça nous donne quelques idées pour notre prochain Raid PPA. Car je pense qu'on est un peu light et qu'on peut corser notre parcours.
Félicitations à vous 2, à Jean qui doit être épuisé et à vos familles respectives qui ont dû tout gérer en vos absences!
François
Merci François ! Ca a été un plaisir pour nous aussi de vous faire partager cette aventure.
RépondreSupprimerMais ne déconnez pas sur votre raid PPA, il est déjà assez difficile comme çà !!!! Rajoutez peut-être l'idée du kilomètre vertical avec des bonifications (que nous ferons avec nos masques), mais rien de plus hein !!!
Amitiés
Sylvain - Team Fox