Dantesque, exigeant, somptueux, hilarant, jouissif....comme un raid PPA

13 et 14 juin 2015 - 8° édition du Raid Pau Pyrénées Aventure
 
Dans un récit, logiquement les remerciements viennent à la fin. Mais ce jour ce serait injure de placer nos amis du Pau Pyrénées Aventure en conclusion. Ils sont l’intro, le récit, la conclusion, l’âme de cette nouvelle épreuve. Chers organisateurs, chers bénévoles : Merci et bravo ! Encore merci et bravo ! Toujours merci et bravo ! Et oui, avec Denis nous sommes tous deux les derniers mohicans. 8 PPA désormais dans les pattes et surtout dans les têtes. Alors nous pouvons juger. Juger que cette édition fut, si ce n’est la plus difficile physiquement, la plus belle, la plus majestueuse. Du décor de ces deux jours à la singularité de certaines des épreuves, des frimas du samedi aux monts inondés de soleil du dimanche, de l’engagement des bénévoles à l’humeur joyeuse des concurrents, de la bière au magret….une majestueuse consécration de votre talent dans le plus majestueux cirque du Béarn.

Le cirque de Lescun, dont on s’étonne qu’il ne soit pas encore patrimoine mondial de l’Unesco, accueille ce week-end le 8° Raid Pau Pyrénées Aventure. Une belle bavante annoncée, avec environ 110 km de progression en VTT et trail pour 6000 D+ ! Une belle pente moyenne.

L’occasion de retrouver tous les amis du PPA, mais aussi nombre de raideurs pour qui cette épreuve est comme nous devenue incontournable. Quelques équipes novices sur le PPA, ou novices en raid, pour qui le baptême du feu s’annonce costaud. Costaud comme la pluie qui va s’inviter pendant les 24 premières heures. Elle déçoit les organisateurs qui auraient aimer nous offrir également le soleil, en même temps que leur machiavéliques épreuves. Mais heureusement on ne maîtrise pas tout et la montagne reste maîtresse de nos sorts, il faut donc faire avec.

 
57 équipes au départ, qu’il faudra lancer au compte-goutte samedi matin sur les chemins de Lescun. Un prologue VTT est organisé dès ce vendredi soir afin d’éditer un premier classement. Je cède très volontiers la place à Denis pour ce faire, étant piètre VTTiste. On s’en sort en 35° position, il lui aurait fallut 1h de VTT pour être chaud…

Petits moments partagés ce vendredi soir avec tous nos amis du PPA, échanger les nouvelles, se chambrer, se retrouver comme si l’on s’était quitté hier. Ce raid c’est aussi cela : la convivialité.

Nous filons prendre possession de nos tentes quand la pluie commence à tomber. Nous qui avions pris l’habitude dès le 2° PPA de prendre un gîte pour être au sec et bien dormir, nous voilà vernis.

 
(des Renards au Cirque...)
 

Samedi matin, temps chagrin. Le cirque de Lescun nous est en partie caché, ce qui augure un raid humide. A quelques minutes du briefing nous retrouvons Mika, notre coéquipier. La Buse Eric n’ayant pas pu être du déplacement, Fred du PPA qui nous connait bien nous a présenté Mika il y a quelques mois. Le courant est passé de suite. Mika est plein de bonne humeur et d’attention, nous sommes d’un niveau homogène…de bon augure. Nous sommes heureux de nous retrouver, près à affronter ce raid que nous attendions avec impatience, de tester notre nouvelle équipe.

 
 
 (quel succès !)

Il est 10 h, l’heure du départ, sous un petit crachin pas méchant. Nous attendons notre tour, les équipes partant toutes les 10 secondes. Nous y voilà. Avec Mika nous avons convenu qu’il oriente à pied, et moi en VTT. Le jeu maintenant est de bien rentrer dans la carte, ne pas se laisser influencer par le choix et le rythme des autres équipes pour ces 8 km et 250 m D+. Nous arrivons rapidement à la balise A, avec le choix d’un petit portage pour éviter un détour route. De là nous voyons déjà pas mal d’équipes qui hésitent. En repartant c’est à moi d’hésiter entre monter à gauche direct après le pont où filer plein est vers Lescun pour un chemin plus long mais à pente plus douce. Chris des Naka qui nous double finit par me convaincre, et nous lui emboîtons les roues. Nous en serons quittes pour un petit secteur montant à pied pour aller chercher la balise, mais l’option semble payante. En effet, partis en 35° position, nous arrivons à Lescun 12°, non sans avoir admiré la belle glissade de Thierry Naka (mon équipier du Gévau 2014) sur la route humide.

Course d’orientation « urbaine » à Lescun désormais. 5 km et 340 m D+. Une belle optionnelle à aller chercher d’entrée de jeu au panorama situé à 300 m D+ au dessus du village. De quoi commencer à bien calaminer les jambes. Belle descente ensuite, rendue un poil technique avec l’humidité. Nous voilà de retour dans le village où à 6 lieux nous attendent des villageois pour nous poser des questions en lien avec le site. A chaque bonne réponse (par exemple le desman des Pyrénées) : une image correspondant à la partie d’un rébus. Si mauvaise réponse : une épreuve de pénalité (dans notre cas un sudoku). Idée super originale, mais qui a du stresser les villageois se retrouvant confrontés à plusieurs équipes en speed au même moment. On s’en sort royal, avec 5 bonnes réponses, et un rébus trouvé rapidement qui annonce la suite du programme « I-scie-la galère-dé-but ». 9° temps sur l’épreuve.
 
 
On enchaîne pour un VTT’O qui va nous amener en 4 km et 220 D+ au plateau Sanchèse. Pendant le trajet le panorama du cirque de Lescun nous est offert…une dernière fois avant la pluie. Pas de difficulté sur ce trajet, le circuit est aisé. Parc vélo et ravito au plateau, où nombre d’équipes sont arrivées avant nous, manifestement en ayant donc pas fait l’optionnelle à pied (qui prenait un peu des cuisses mais rapportait du bonus chrono).

 


 

(click pour vidéo)
 




Panorama à couper le souffle, au pied des falaises nous entourant. On se déleste de l’inutile (matos VTT, bouffe pour après…), on se gave de saucisson, fromage, kiwi, gâteaux apéro du ravito, et nous voilà à aller chercher la 1° balise sous la cascade.


(panorama de ouf)
 

 (mika à la cascade)

Et derrière…c’est parti ! On rentre vraiment dans le PPA avec ce trail annoncé de 19 km et 1700 m D+. Ca s’élève vite dans le bois du Hournou d’Anaye, en compagnie de la team mixte Naka de Thierry. Maintenant chaque équipe doit vraiment rester dans sa bulle en se souciant de ses coéquipiers plutôt que de ses « adversaires ». Pour  nous çà va, même si Denis est un peu en dedans. On sort du bois, et la pluie nous accueille, ce qui ne va pas arranger mon pauvre lézard (Denis) en manque de soleil. Nous voici au Cayolars d’Anaye après un D+ 550 m déjà. Nous sommes dans le cirque, les pics de Countendé et celui d’Anie autour de nous. Malheureusement (ou heureusement, c’est selon) nous ne pourrons pas monter à ce dernier. La neige y est encore trop importante.




Grand travers après la 11 qui nous offre un panorama magnifique, même si un peu bouché, sur les Orgues de Camplong.





Montée à la F dans le vallon d’un torrent, dans la pente bien raide et dans la pluie qui s’intensifie. Ca y est, nous sommes détrempés ! Nous redescendons pour retrouver le chemin en balcon et du coup la balise 10 à la cabane de Lacute.


 (en haut à gauche invisible le lac d'Anie - en face le pas d'Azus où il faudra aller)

De là il faut faire un long travers, en essayant de rester à niveau, en contrebas du pic de Countendé pour aller trouver des combes enneigées nous menant au lac d’Anie. Panorama à couper le souffle. On voit des équipes dans tous les sens, arriver dans tous les sens, et parfois par des endroits impossibles en prenant de gros risques. La montée au lac est technique, un poil frigorifiante, comme la tête de Serge à la balise 9 qui a peur pour les équipes ne prenant pas les bonnes trajectoires (il aurait peut-être fallut hachurer des secteurs interdits sur la carte). Bon petit plaisir dans la descente sur un névé, en évitant d’y poser les mains pour se les brûler.




Mika qui oriente comme un chef depuis le début a bien observé le parcours qui nous reste à faire en chemin entre 10 et 11. Il a trouvé un passage à niveau pour aller rejoindre l’optionnelle E sans prise de dénivelé. Un joli travers plein nord qui nous amène juste en contrebas du Pas d’Azus. J’étais moi parti pour passer un peu plus haut, mais les Naka partis avant nous par ce trajet arrivent après. Bien joué Mika !


 (arrivée au Pas d'Azus)

La pluie redouble, l’orage gronde. Il faut vite penser descendre maintenant, gagner quelques degrés et aller dans le bois qui nous tend les branches. Descente sur la balise 8, où dans la cabane nous attendent les 3 papys PPA, à qui je donne RDV comme chaque année à l’apéro Loupiac ce soir. Et croyez moi, ils ne se feront pas prier…

 (eux aussi sont inoxydables)

Nous voici maintenant avec l’équipe de mon collègue Christophe en direction de la 7. Vers la cabane d’Ardinet je me prends une belle glissade sur le flanc dans le chemin détrempé. Dans les 15 secondes qui suivent Mika fait de même, imité par Denis. Malgré les conditions dantesques nous sommes hilares. Nous voilà dans le bois, un peu à l’abri de l’eau qui tombe, mais pas de celle qui transforme la terre du chemin en boue recouvrant nos pieds. Après la 7 nous filons vers l’optionnelle trouvée sans difficulté. Descente ensuite dans la belle prairie inondée d’orchidées et de tourbières pour aller chercher le chemin qui descend (en croisant les Naka qui repartent en VTT…ou plutôt en les poussant tellement ça glisse), et nous amène tranquillement au parc VTT. Un splendide Trail’O bouclé en 3h50 (à 1 h des premiers…) avec le 10° chrono et toutes les balises.

A la traversée, à pieds mouillés, du gave, nous retrouvons nos amis Eric et Stéphane de la Team Cahors AOC, passés du côté de l’organisation. Quel plaisir de revoir nos « vieux » compères d’efforts et de bouteilles ! Eux deux ont participé aux 7 premières éditions du PPA. Stéphane me glisse : « tu vois celle là, j’ai bien fait de pas là faire avec la météo, je reviendrais l’année prochaine… ». Mais je sais que ce baroudeur n’en pense pas mot et aurait aimé être de la partie. Eric lui nous indique la marche à suivre pour la section surprise du moment : un azimut, une distance, une définition de poste et nous devons trouver sans carte la balise suivante située à 200 mètres. De celle là une autre, et de l’autre une 3° avant le retour. Avec deux orienteurs dans l’équipe on s’en sort bien, avec le 7° temps.

 Le ravito est le bienvenue pour apporter du réconfort aux fourbus du jour. Denis est frigorifié. On se change avec les quelques vêtements secs apportés dans une poche étanche. Cela fait un bien fou, même si pour moi et Mika ces conditions météos nous vont bien (on craint le soleil). L’essentiel est aussi de garder les cartes à l’abri de l’eau, et là l’expérience paye aussi.

Départ pour la dernière section, en VTT’O. 17 km et 900 m D+, de quoi se faire mal aux guiboles encore. Echaudé par la vision des Naka en train de pousser les VTT à travers le bois dans la boue pour aller vers la 1° balise, je décide de prendre l’option 100% route vers l’est. Histoire de prendre moins de pente et de tourner les jambes. Mais la 2° section est bien pentue, et la fatigue aidant nous posons parfois pied à terre pour pousser et souffler. Les Chabraks, dont un coéquipier est partie se faire soigner à Oloron après que son genou ait croisé un rocher coupant, nous rattrapent et nous papotons un peu.
De la balise 13 la première partie du GR pour aller chercher la 14 est insipide, car très peu roulante avec cette boue. Le reste du parcours est ensuite très intéressant en technique VTT et en visuel paysage.


 
Le détour pour les optionnelles H et I est payant et nous gratifie de passages en descente très techniques. Moi qui flippe en descente je mets pied à terre plus que de nécessaire après m’être pris un premier joli soleil. Mika tente de jolis passages lui aussi. Denis aurait aimé prendre ce chemin à sec pour s’éclater dans la pente. Mais il en est quitte pour une chute lui aussi. Nous continuons à descendre et d’un coup de ne voyons plus. Inquiets nous remontons à pied pour l’entendre crier bien plus haut que dans la chute il a perdu une chaussure de trail (accrochée à l’extérieur de son sac). Il en est quitte pour remonter à pied. Une douzaine minutes de perdues plus tard nous le voyons revenir déconfit.


(gamelle !) 

Passage par la 15 où les PPA nous encouragent. Dernière section bien boueuse, pentue, poussage de VTT jusqu’à la 16 avant laquelle Mika accuse un coup de mou.

(petit passage en Amazonie)

Les derniers mètres de D+ du jour, et nous voilà sur la Crête d’Ourtasse qui surplombe Lescun et donne une vue imprenable sur la vallée d’Aspe.


(dernière bavante...du jour)

 
(inégalable vallée d'Aspe)

Splendide travers descendant nous menant sur Lescun, que nous rêvons de faire à fond à pied. On s’éclate, surtout ravis d’en avoir presque terminé. Un dernier coup de cul avant l’arrivée et nos bouclons ce tour VTT en 3h30 avec le 12° temps.

 (fantastique travers)

(et hop, c'est fait, détrempés !)
 
Pas mécontents d’arriver, au bout de 9 heures de course, avec le sentiment d’avoir réussi notre journée : toutes les balises, de bons choix tactiques, pas d’erreur d’orientation, pas de casse mécanique, pas de bobos. Et notre toute nouvelle équipe qui s’entend et se complète à merveille, en ayant le sentiment de courir ensemble depuis des années. Comme récompense nous avons la 10° place, l’objectif que nous nous étions fixé avant de venir. Il faut arriver à la garder demain maintenant.


Vite aller se laver, se réchauffer, se changer, et dîner avec tous devant la finale du Top 14. Une bien belle journée se termine. Dodo à 22h, pour un réveil programmé à 2h45…

JOUR 2

Et oui, l’épreuve la plus redoutée du PPA arrive : être prêts au briefing à 3h45 du mat’. Autant vous dire qu’en général on dort peu, mal et qu’il ne tarde qu’une chose c’est d’aller se dérouiller les muscles.

Allez pam ! Une épreuve surprise pour dérouiller les neurones à 4h du mat’. Une carte, 10 postes d’orientation. Il faut trouver les définitions des postes (arbre isolé, bout de fossé, charbonnière…) et partir dès que fait. Si erreurs = minutes de pénalités. Mika est dans son élément et nous commençons à remplir 4 définitions en voyant d’autres équipes tourner leur feuille et remplir. François, orga en chef, nous houspille, le top départ n’était pas donné. Top, c’est vraiment parti, on termine, et c’est donc en ayant triché que nous partons en tête dans la nuit.

 Je suis très vite dans la carte pour cette VTT’O de 14 km et 570 D+, et nous filons vers la 1° balise, vite freinés par un patou au milieu du chemin qui se demande qui à 4h du mat’ vient longer sa ferme. Et bien il n’a pas finit d’aboyer avec les 160 raideurs qui arrivent derrière. Nous partons vers la seconde et avant de prendre le GR nous faisons doubler par Issy Absolu Raid. 2° balise, toujours en 2nd place sur ce chouette chemin en sous-bois où il vaut mieux (comme l’avait suggéré l’orga) avoir de bonnes frontales. Retour sur la route où nous retrouvons Issy qui s’est planté et deux équipes enfin sur nos talons. Ca enquille dans le fond de vallée, la chasse est donnée.

Il faut aller maintenant attaquer une piste qui monte, qui monte, qui monte vers deux balises optionnelles. Un peu au-dessus les lumières des 3 premières équipes. Bien en dessous et au loin les dizaines et dizaines de frontales égrainées sur la route, dans la vallée. Certaines équipes sont bien loin. Première balise dans la poche, nous apercevons les premiers s’engager dans la descente. Et au vu de la vitesse de déplacement des lumières elle doit être raide ! D’autres lumières arrivent à toute blinde vers nous, en sens inverse… Ce sont les deux autres équipes (Naka et celle de Régis je crois) qui ont zappé la balise que l’on vient de prendre et s’en vont la rechercher…la tête dans le guidon. 2° balise, et c’est effectivement sur les freins que nous engageons la délicate descente.
A mi-descente Mika se prend un beau vol plané et reste meurtri au sol quelques secondes. Plus de peur que de mal, mais nous en sommes quittes pour une belle frayeur. Le retour par la piste de montée aurait peut-être été un meilleur choix. Au parc à vélo nous sommes déjà nombreux, beaucoup d’équipes ne sont pas venues sur ces optionnelles.

Il fait toujours nuit et ce coquin de barbu d’Eric nous a concocté une « spéciale » (bien aidé en cela par François…la paire de démons ces deux là). Dans un poème bien rimé, il nous envoie à l’azimut trouver une balise en plein dans la pente de la montagne. Sans définition, juste un temps approximatif de 5 à 10 minutes de montée, tout à la boussole et à la jugeote. Je cale ma boussole, et effectivement je vois que les frontales qui « grenouillent » parfois très haut dans la pente depuis plusieurs dizaines de minutes ne sont pas dans la bonne direction. Il y a 10° d’écart sur l’azimut annoncé. Et il y a un dicton en orientation qui dit que « quand tout le monde cherche au même endroit, c’est que la balise n’y est pas ». Je fais donc confiance à ma boussole, et à ma petite voix, et file plus à droite dans les fougères. On trouve un ruisseau qui remonte dans la bonne direction et derrière l’aplomb de la montagne se dévoile la balise au pied d’une cascade. Apparition féerique comme celle de centaines de piqures d’orties et de ronces qui nous attendaient sournoisement (Eric : j’ai eu un souvenir douloureux de toi pendant 24 heures….).

Nous avons donc fait notre retour dans les équipes de tête et pouvons partir pour une VTT’O mémo de 9 km et 200 D+. Un parcours présenté sur carte à mémoriser pour aller jusqu’à la prochaine balise. Ca roule….jusqu’à la balise où nous retrouvons les Naka et François. De là une autre mémo jusqu’au parc à vélo. Une affaire rondement menée.

 Le jour s’est levé lorsque nous attaquons le ravito toujours aussi bien fourni. La grosse bavante du jour s’annonce : un trail’O montagne de 18 km et 1400 D+. Vous en voulez de la bosse ? En voilà encore !
(les zèbres à droite, les renards au centre, le plaisir en face)

Mika prend les rênes et nous voilà partir en 5° position dans une pente terrible. Il faut aller rejoindre une crête au travers d’herbes, fougères, ajoncs, orchidées. Un « droit dans la pente » comme on les aime qui brûle les cuisses. On se tient aux touffes d’herbes pour monter, en évitant de s’agripper aux ajoncs. Un gros lézard vert brusquement réveillé file entre mes pieds. Sacré bosse !

 (l'autre lézard, qui a 58 ans en veut toujours et encore)

 
 

Nous voilà sur la crête. Les nuages se dissipent et la lumière apparaît. Le temps s’annonce clément aujourd’hui, comme pour récompenser les valeureux raideurs de leur courage de la veille. La lumière est splendide, et comme chaque année le dimanche matin, le panorama devient merveilleux.

 
(le voilà le moment magique)

C’est pour moi l’une des raisons de mes venues au PPA. Je sais qu’après tous ces efforts, au petit matin du 2° jour, je vais me retrouver dans un décor de folie, avec cette lumière unique des levers du jour en montagne. Et là…je me régale ! Comme Denis et Mika tout aussi heureux que moi de l’aventure que nous vivons.


De là les PPA nous ont concocté un parcours de toute beauté, au dessus du plateau de l’Hers. De la haute montagne splendide, inimaginable quand on ne prend pas les baskets… Chemins, foret, lacs, prairies, névés, pics acérés…baignés de soleil. Le pied total ! Nous pointons en 7° position à la cabane du lac. De là nous y voyons les 1° équipes monter la crête qui les mène à la balise optionnelle du sommet. L’image est saisissante, spectaculaire.

 (la balise optionnelle est là haut. Denis: "vous voulez me tuer ou quoi ?")


Dans la montée au col Denis accuse un coup de mou, nous y arrivons 10 °, en y croisant les 1° équipes qui redescendent du sommet. La balise qui s’y trouve ne rapporte que 50 minutes. Nous calculons qu’il nous faudra à minima 40 minutes pour y faire l’aller-retour. Et quand on voit la bosse que c’est et le jus qu’on va y laisser on décide de basculer direct dans l’autre versant. Et là aussi c’est saisissant. Tout d’abord la vue, le 360° autour. Ensuite le degré de la pente qui nous attend. La cabane où nous devons aller en contrebas est vraiment beaucoup beaucoup plus bas. Et il n’y a pas de sentier pour s’y rendre, c’est droit dans la pente, puis du droit dans un nouveau névé. Génial ! Le pied ce PPA !!!

 (pure descente...vous là voyez la cabane en bas ?)

Arrivés à la cabane la bergère nous prête un gobelet pour nous ravitailler à son robinet. Merci madame. De là Mika chope un beau trajet qui nous fait retrouver le chemin qui nous mènera à la prochaine balise, elle aussi à une cabane, au pied d’un cirque magnifique. Je suis toujours aussi bien en cannes, donc je profite à fond.


Descente dans une nouvelle superbe hêtraie, puis dans une magnifique prairie d’alpage nous retrouvons des PPA qui nous encouragent, galvanisés par notre jolie place, puis Stéphane AOC qui monte le chemin à notre rencontre et enfin les Chabraks qui ne font plus la course mais qui viennent voir le chemin. Nous partageons quelques mots avec eux tous, tellement nous sommes bien et ravis de notre course. Avec Mika nous estimons qu’au vu de notre excellent parcours de ce jour nous sommes en position pour garder notre 10° place et peut-être aller titiller la 8°. Tous les voyants sont au vert. Malheureusement tout va s’effondrer.
 Nous bipons l’avant dernière balise à la source, et décidons d’aller chercher la dernière optionnelle qui rapporter 1h15 de bonus. Elle se trouve un haut d’un sacré versant boisé, et le « chemin » pour y aller est loin d’être tracé. Néanmoins nous nous consultons avec Mika et décidons d’aller attraper un petit sentier qui traverse le versant, puis de nous laisser conduire à la balise. La pente est terrible et nous progressons à l’azimut en restant sur une ligne de crête montante.

(les sourires, avant les grimaces)

Nous sommes derrière deux équipes qui semblent prendre la bonne direction, sur un chemin peu visible. La progression n’est pas aisée, mais nous sommes confiants. Au bout d’un moment les deux équipes bifurquent à gauche, ce qui nous semble trop tôt pour aller retrouver le chemin qui a fait un angle. Nous progressons toujours sur l’arête, et montons, montons, montons, toujours dans cette pente terrible.

 Mika que je relance parfois est certain de lui. On va croiser à nouveau ce chemin qui marque une ligne de crête pour arriver au sommet où est la balise. Nous continuons à progresser des minutes et des minutes. Pour ma part je commence à tergiverser mais j’accorde ma plein et entière confiance à Mika qui s’est avéré être un orienteur très talentueux depuis hier matin. Mais au moment où je déboule sur de gros blocs de roche je doute pleinement. Mika ne les a pas sur sa carte.
Cela fait près d’une heure que nous avons quitté la balise précédente et nous nous retrouvons dans les éboulis de la falaise se trouvant au-dessus de nous. Ca ne va pas du tout. Mise au point rapide, mais où sommes nous ? Nous percutons vite, nous sommes beaucoup trop haut. Complètement à droite de la position idéale.
Nous avons fait deux erreurs énormes : nous n’avons pas regardé noter alti-gps en montant et nous venons donc de nous taper un 200 D+ de trop. Et nous avons mal lu la carte : la balise n’est pas sur un sommet mais sur une crête. Dans l’effort, avec la fatigue, les erreurs de discernement et de jugement sont nos plus grands ennemis. Et nous venons de faire une erreur de débutants : pas d’altitude, pas d’azimut.
 
Putain il faut redescendre et se recaler. Mais sur cette carte au 1/20 000° si peu détaillée c’est coton. Redescendre, partir vers l’est, regarde l’alti…et finalement nous retombons sur le chemin, si mal dessiné, qui explique pourquoi nous ne l’avons pas vu en montant. Si mal distinguable que nous avons même du mal à assurer notre progression jusqu’à la balise, que nous trouvons enfin en pestant comme tout.

(la voilà cette satané balise, au bord du lac)
 
Il nous faut rejoindre le parc à vélo maintenant, avec l’horrible sentiment d’avoir gâché tous nos efforts sur cette dernière balise. Le calcul est vite fait : cette balise qui devait nous rapporter environ 30 minutes en la faisant, vient de nous en faire perdre 30. Au parc à vélo il n’y plus qu’une petite dizaine d’équipes à repartir.

C’est un dernier road-book VTT de 6 km qui nous attend, pour nous ramener à Lescun. Rien de difficile mais notre moral en berne est tombé dans nos jambes et nous nous traînons.
Je me prends en sus un beau soleil dans une descente.

Heureusement Eric nous attend au pied du rocher du Caillou du Curé. Et en moine il est absolument terrible ! Ce boute en train à donner un sacré coup de rigolade à ce raid. Les PPA ont fait là une belle recrue, mais apparemment il faut le freiner dans ces intentions parfois peu louables… La preuve, avant de monter à l’escalade du rocher je dois faire pénitence et m’enfourner un pruneau à l’eau de vie. L’appel de la rédemption et le plaisir à donner à mon ami aidant je m’exécute…moi qui exècre les pruneaux. Mais le plaisir est là en grimpant le rocher et redescendant embrasser Eric, personne si attachante. 


(amen mon père, j'ai pêché sur 8 PPA)


 
Nous filons pour les derniers kilomètres jusqu’à l’arrivée.

Nous y attend une dernière surprise : un biathlon qui alterne paintball et tours de pénalité dans la prairie pentue du prologue. Mais avant de l’attaquer une équipe nous informe de la potentielle pénalité qui nous pend au nez pour avoir trop tardé au trail précédent. Il fallait en sortir avant 11h30. Sinon c’est 10 minutes de pénalité par minute dépassée. Le doute s’installe, la déception s’accroit, car je pense que nous avons dépassé le temps.

Le paintball se passe pas mal, avec 4 tours de pénalité à 3. Je termine à fond pour ne rien regretter et nous franchissons tous les trois, main dans la main, cette somptueuse épreuve. Etreintes méritées et honnêtes. 
Nous venons de nous régaler pendant 2 jours, qui sont passés si vite ! Nous avons formé une super équipe, tant techniquement qu’humainement. Nous sommes bien entendu déçus de cette dernière balise, mais nous n’avons pas à l’être. Nous n’avons eu aucun pépin, c’est la seule boulette du week-end, ça peut arriver. Mika, tu as été un équipier formidable sur cette course. Denis et moi sommes ravis et espérons pouvoir remettre çà. Nous espérons que tout a été pour le mieux pour toi.

Voilà, à l’heure du traditionnel magret-frites du dimanche midi, préparé par l’indéboulonnable cuistot PPA, le verdict tombe. 1h30 de pénalités pour notre erreur (9 minutes de dépassement). Nous tombons à la 12° place/57. En ayant assuré comme tout ce week-end cette balise, sans les pénalités échues du coup, la 6° ou 7° place nous était promise. Et avec le niveau qu’il y a désormais eu PPA une 6° place ça l’aurait fait.

Le contrat est rempli : un 8° PPA, un pied terrible pendant 2 jours, une équipe soudée et rieuse. Le bonheur est toujours là au PPA. Alors nous serons de retour, au moins 2 années de plus…

Nous redescendons du cirque de Lescun avec un sourire aux lèvres, la tête pleine de souvenirs et le ventre plein de magret.

Merci les PPA, merci Denis, merci Mika, merci le Béarn !

Et mince, j'ai oublié ma bouteille de lait ! :)

3 commentaires:

  1. Le plaisir fut partagé les amis, ce week end passé en votre compagnie restera gravé, une pt amertume pour cette dernière balise qui aurai clôturé en beauté ce PPA......... mais c'est aussi ça le sport. Ce sera avec plaisir que je renouvellerai ce partenariat si l'occasion ce présente
    merci les renards bise A+

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